Citez

Porter un regard francophone sur les années 1840-1930

Par Leticia Nadler

Leticia Nadler

Consultante en éducation

Leticia vit à Edmonton, en Alberta. Elle a travaillé comme enseignante d’immersion française de la maternelle à la 12e année et comme consultante en programmes d’études pour Alberta Education. Elle enseigne maintenant à des étudiants de collège et d’université tout en poursuivant ses études de doctorat en leadership éducatif à la faculté d’éducation de l’Université de l’Alberta. Elle a de l’expérience dans l’élaboration de matériel d’apprentissage qui améliore la pensée critique des étudiants.

Leçon 1 : Porter un regard francophone sur les années 1840-1930.Download

Notes à l’enseignant.e :

Durée : environ 2 heures

But de la leçon :

Objectifs liés à la littératie :

Résultats d’apprentissage du curriculum :

[À compléter par l’enseignant.e]

Ressources de soutien pour les enseignant.e.s :

Ressources destinées aux élèves :

Ressources facultatives destinées aux élèves :


Vocabulaire clé destiné aux élèves :

Un biais : c’est une façon de penser, souvent inconsciente, qui fausse notre jugement vis-à-vis d’un groupe de personnes, d’une situation ou d’un événement. Cela peut conduire à des interprétations et des décisions erronées.

Une perspective : c’est une façon de voir le monde.

Un préjugé : c’est une croyance ou une opinion préconçue souvent imposée par le milieu et l’époque.

Regarder à travers un prisme : c’est une façon de voir et juger les choses en fonction de nos passions, intérêts, idéologies, etc…

La grande hémorragie : c’est un terme imagé qui désigne la migration par vagues de centaines de milliers de Canadiens français vers les États-Unis entre 1850 et 1930.

Le féminisme : Le mot « féminisme » fait référence aux mouvements politiques, sociaux et intellectuels qui sont en faveur de l’égalité des individus de tous les sexes. Ces mouvements ont commencé qu’au milieu du 19e siècle en Europe, puis se sont répandus à travers le monde, y compris au Canada.


L’amorce

Au besoin, se servir des notes en base de page pour préciser les réponses des élèves.

Pistes de différenciation pédagogiques (appui universel) :

  • Aider les élèves à répondre à ces questions en les guidant par des indices visuels qui se trouvent dans la fiche Faits historiques en bref.

Activer les connaissances antérieures des élèves en posant à voix haute les questions suivantes :

Quelle loi importante est adoptée le 8 mars 1867 ?

Réponse attendue : le Parlement britannique adopte l’Acte de l’Amérique du Nord britannique (AANB) et il entre en vigueur le 1er juillet. Les colonies du Canada, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick constitueront désormais une seule union fédérale. C’est la création de la Confédération canadienne. À noter que l’AANB a été renommé Loi constitutionnelle de 1867 depuis 1982, date qui marque le rapatriement de la Constitution.

Pourquoi cette loi a-t-elle été adoptée ?

Réponse attendue : l’AANB a été adopté pour unifier trois des cinq colonies de l’Amérique du Nord britannique (État fédéral). Ces trois colonies sont la Nouvelle‑Écosse, le Nouveau‑Brunswick et la Province du Canada (composée de l’Ontario/Haut-Canada et du Québec/Bas-Canada).

Quelle est la conséquence de cette adoption pour ceux et celles qui parlent français?

Réponse attendue : Les Articles 93 et 133 garantissent certains droits aux minorités anglophones et francophones. L’Article 93 stipule que le pouvoir en matière d’éducation appartient aux provinces. Cependant, les écoles séparées catholiques hors Québec et les écoles protestantes au Québec sont protégées. L’Article 133 concerne le statut du français et précise l’égalité du français et de l’anglais au Québec et au niveau fédéral (bilinguisme législatif et judiciaire). Cependant, il n’y a pas de protection du français dans les autres provinces. Cela a de lourdes conséquences lorsque l’Ouest canadien se développe.

Pourquoi les Acadiens s’opposent-ils à la Confédération ?

Réponse attendue : Le peuple acadien s’oppose à la Confédération par peur de l’assimilation culturelle et de la centralisation du pouvoir du gouvernement fédéral. Les Acadiens et Acadiennes veulent aussi protéger leurs droits linguistiques et religieux.

Quelle en est la conséquence pour les populations autochtones ?

Réponse attendue : les Autochtones sont placés sous la juridiction du gouvernement fédéral.

Conclure l’amorce en expliquant que porter un regard sur le passé n’est jamais un acte purement objectif. Nos biais influencent notre manière d’interpréter l’histoire. Ainsi, il serait peut-être plus juste de parler des histoires plutôt que de l’histoire. Au besoin, fournir aux élèves des ressources soutenant cette perspective tel que Les biais en histoire et Point de vue philosophique


L’enseignement du concept

Expliquer aux élèves l’importance des perspectives dans l’étude du passé. Au besoin, se servir de la fiche La notion de perspectives.

Demander aux élèves de réfléchir à leur biais et aux perspectives qui en découlent à l’aide de la fiche Moi, mes biais et mes perspectives.


La pratique indépendante

Demander aux élèves de se mettre en petits groupes pour établir le contexte historique de la période 1840-1930, et ce, à l’aide de la fiche Contexte socio-historique.


Activité de synthèse

Rappeler aux élèves les stratégies qui permettent d’apprécier des textes avec la fiche Trucs et astuces pour répondre à des questions.

Animer des discussions critiques à partir de la fiche Regard critique sur le passé.

Conclure en partageant les informations :


Faits historiques en bref

Quelle loi importante est adoptée le 8 mars 1867?

Pourquoi cette loi a-t-elle été adoptée?

Pourquoi les Acadiens s’opposent-ils à la Confédération?

Quelles sont les conséquences de cette adoption pour ceux et celles qui parlent français?

Quelles sont les conséquences pour les populations autochtones?

Tiré d’une copie numérisée par Internet Archive de l’exemplaire de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique conservé à l’université de Toronto.

La notion de perspectives

Ceux et celles qui ont vécu dans le passé étaient ancré.e.s dans des mondes tout aussi complexes que les nôtres. Cependant, il faut savoir que chaque période historique possède ses propres mondes culturels, émotionnels, spirituels, économiques, linguistiques, etc… Et c’est à nous de les découvrir.

Afin de comprendre, analyser et réagir de manière critique sur les événements du passé, nous devons faire preuve d’ouverture d’esprit. Par exemple, en s’éloignant des interprétations restrictives, stéréotypées ou en ayant conscience de ses propres biais, préjugés et privilèges. En effet, si nous n’avons pas conscience de ces trois éléments, nous risquons de manquer ou de mal interpréter certain.e.s informations ou événements historiques.

Pour développer une pensée plus large, plus juste et équitable du passé, on peut étudier les contextes socio-historiques à travers divers prismes. Cela permet d’observer le passé sous différents angles, même si c’est parfois inconfortable. Il est aussi important de ne pas faire de conclusions hâtives, sans quoi on tomberait vite dans la généralisation.

Pour conclure, on peut dire que la (re)découverte de l’histoire se fait grâce à une approche inclusive, qui se veut ouverte à la diversité des points de vue et des expériences. Elle nécessite donc un état d’esprit particulier et une bonne connaissance de soi.


Moi, mes biais et mes perspectives

Complétez l’organisateur graphique ci-dessous. Indiquez vos réponses à la question « Qui suis-je ? » dans les nuages.

Ainsi, quand je porte un regard sur des événements historiques, quelles sont les perspectives que j’adopte automatiquement ?

Comment mes biais influencent-ils mon regard sur le passé ?

Ex. J’habite au Québec depuis quelques années, mais la majorité de ma famille habite au Nouveau-Brunswick. Quand on parle du passé, je pense en premier, aux événements historiques en lien avec les Acadiens. Cela semble être l’un de mes principaux biais. En effet, je ne pense pas forcément tout suite aux Canadiens et Canadiennes français.e.s ou aux Français.e.s qui vivaient dans l’Ouest avant la Confédération. Bref, je prends naturellement une perspective qui est en lien avec mon identité, ma famille et mes ancêtres, j’en oublie un peu les autres. Je me rends compte que ce biais limite mon point de vue. En conclusion, je peux dire qu’avoir conscience de mon biais me permet de comprendre que ma perspective sur le passé n’est pas suffisante. Maintenant, je me rends compte que quand j’adopte d’autres points de vue, je vois le passé à travers des perspectives variées, ce qui me permet de comprendre plus de choses.


Contexte socio-historique

Consultez les liens ci-dessous à travers le prisme indiqué au milieu du cercle. Puis reportez les informations clés dans la partie bleue du cercle.

Pistes de différenciation pédagogiques (appui universel) :


Trucs et astuces pour répondre à des questions

Les 4 dimensions pour apprécier un texteLes stratégies à adopter pour fournir une réponse élaborée
La compréhensionAvant de répondre :
 
●      Déterminer le type et le genre de texte et les caractéristiques qui lui sont propres.
●      Identifier le sujet du texte.
●      Repérer l’intention de l’auteur.e.
●      Faire des liens avec ses connaissances antérieures.
●      Surligner les informations importantes.
●      Souligner les informations explicites.
●      Noter les informations implicites.
 
Pour fournir une réponse élaborée :
 
●      Partager sa compréhension en reformulant le contenu de sa lecture dans ses propres mots. Attention, ici, il ne s’agit pas de donner son opinion.
L’interprétationAvant de répondre :
 
●      Préparer les justifications pour appuyer son interprétation.
 
Pour fournir une réponse élaborée :
 
●      Présenter des informations implicites qui sont déductibles de façon logique.
Justifier son interprétation à partir du texte, du contexte socio-historique et de toute autre information.
La réactionAvant de répondre :
 
●      Faire des liens entre le texte et ses expériences personnelles.
●      Justifier ses émotions en s’appuyant sur le texte, des exemples ou des arguments.
●      Prendre position à partir des valeurs et des idées du texte en les comparant à ses comportements, à ses valeurs et à ses habitudes.
 
 
Pour fournir une réponse élaborée :
 
Expliquer et justifier les effets que le texte provoque sur soi. Ex. Modification de sa vision de la problématique, changement d’opinion ou de comportement, etc…
Le jugement critiqueAvant de répondre :
 
●      Prendre position.
●      Se préparer à expliquer sa position en ciblant les critères suivants :
 
 
Critères portant sur le contenu du texte
●      Le contexte historique, social et culturel et le prisme utilisé pour en parler
●      Le point de vue et la perspective
●      Les sources utilisées
●      Les enjeux soulevés par le texte

Critères portant sur la forme du texte
●      Le paratexte
●      La manière dont l’information est présentée
●      Le niveau de langue
●      Le vocabulaire
●      Les types et formes de phrases

 
Pour fournir une réponse élaborée :
 
●      Expliquer et justifier sa position avec respect et bienveillance.

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