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Les limites de la notion des classes dans l’histoire et la société

Par: Joseph Burton

Joseph Burton

Historien collaborateur

Joseph Burton est candidat au doctorat au département d’histoire de l’Université Simon Fraser. Sa recherche explore la transmission des idées anarchistes en Amérique du Nord au milieu et à la fin du XXe siècle, en se concentrant sur les Industrial Workers of the World et les liens entre la démocratie et la pratique révolutionnaire.  Ses écrits ont été publiés dans la Canadian Historical Review et il a partagé et discuté son travail lors de conférences universitaires au Canada et aux États-Unis.  En tant qu’éducateur et instructeur de session, son enseignement s’est concentré sur l’histoire du travail et de la vie professionnelle au Canada.

La notion de classe sociale fait, aujourd’hui encore, partie du tissu social du Canada. Les candidats aux élections et les élus s’adressent fréquemment aux « familles de travailleurs » et aux « communautés de la classe ouvrière »[i]. Les plateformes électorales s’engagent à créer de « bons emplois pour la classe moyenne » et à rendre la vie plus abordable pour les électeurs issus de la classe moyenne et les « personnes qui travaillent fort pour en faire partie ». La pandémie de COVID-19 a fait émerger un nouveau groupe démographique, les « travailleurs essentiels », tout en exposant la précarité et la vulnérabilité que ressentent ces travailleurs depuis longtemps. Selon cette journaliste qui s’est intéressée aux conditions de travail des employés du domaine de la vente au détail, la « classe ouvrière est au bout du rouleau ».[ii]

En quoi consistent les classes sociales? Comment sont-elles divisées et d’où viennent-elles? Les réponses à ces questions sont loin d’être claires. D’un côté, le concept d’hiérarchie sociale existe depuis toujours, si l’on se fie aux archives historiques. Les économies politiques de l’Antiquité et du Moyen Âge ont flori grâce à l’esclavage et aux diverses formes de servage et de servitude involontaire, des conditions sociales qui persisteront encore longtemps dans l’histoire de l’humanité. Pendant des siècles, des groupes sociaux insulaires et privilégiés, issus d’un système de noblesse, de royauté ou d’une catégorie similaire, exercent un contrôle disproportionné sur les richesses et les ressources matérielles. De l’autre, le capitalisme, notre système économique actuel, est encore tout jeune; il émerge dans certaines régions du monde au cours du 16e siècle et est adopté par la plupart des nations au cours des 150 à 200 années qui suivent. Quels sont les facteurs qui déterminent les classes sociales de ce système? S’agit-il du revenu, de la catégorie d’emploi ou d’un état d’esprit plus complexe?

Dans cet article, nous tenterons de répondre à ces questions, en faisant appel à deux grandes méthodes pour étudier les classes sociales et les principes d’adhésion qui les gouvernent aujourd’hui. Vous remarquerez que le revenu, le statut d’emploi et des variables similaires, qui positionnent les classes dans une échelle hiérarchique, reposent en majeure partie sur les écarts entre les classes. Or ces catégories ne suffisent pas à proprement définir les classes sociales. Nous devons plutôt aborder les classes comme des relations sociales qui se développent dans le temps et en opposition les unes aux autres; elles reflètent en fait les pressions et les tensions qui caractérisent le système capitaliste dont elles découlent.[iii]

Les classe sociales et le positionnement dans la hiérarchie sociale 

Comme l’a écrit l’historienne Ellen Meiksins Wood, le positionnement est un cadre de réflexion utilisé pour expliquer la notion de classe sociale dans la société d’aujourd’hui; des critères socioéconomiques tels que le revenu, l’éducation, l’occupation, la culture, pour ne nommer que ceux-là, déterminent notre position dans la hiérarchie sociale.[iv] Ce système de strates ou de couches comporte souvent de nombreux échelons, or l’appellation des diverses classes varie en fonction de l’auteur ou de la société. Un des modèles les plus répandus est celui de la structure à trois niveaux : la classe ouvrière, la classe moyenne et la classe supérieure. Il existe des variations où le terme « inférieure » vient remplacer le mot « ouvrière » ou selon lesquels la classe moyenne est scindée en deux catégories, soit les classes moyennes inférieure et supérieure. Ces variations permettent en fait de voir que la classe est simplement une position ou un niveau et que cette position socioéconomique est le reflet de nos circonstances matérielles, qu’elle façonne nos identités et trace les opportunités qui s’offrent à nous.[v]

Les auteurs font couramment appel à ce cadre de réflexion pour faire état des tendances économiques ou de la distribution des richesses. Nombreux sont ceux qui établissent le revenu comme seul facteur de différenciation entre les classes. Les économistes professionnels vont, par exemple, utiliser une fourchette de revenu médian ou une fraction moyenne de revenu pour délimiter la « classe moyenne » et pour fournir des données statistiques sur la polarisation des richesses. Certains politicologues se tournent vers un facteur unique, or ils préconisent la catégorie d’emploi comme condition d’adhésion aux classes sociales. Un groupe de politicologues du début des années 2020 a étudié les comportements de vote des classes sociales; la « classe moyenne » étant caractérisée par les genres de compétences 7, 8 et 9 et les niveaux de compétences B, C et D de ces genres, selon la Classification nationale des professions (CNP) de Statistique Canada qui comprend des travailleurs œuvrant dans des « métiers, le transport, la machinerie et domaines apparentés », les « ressources naturelles » et la « fabrication et les services d’utilité publique. [vi] 

D’autres auteurs font appel à une panoplie de sources dans leurs travaux. Sociologues, historiens et politicologues prennent souvent une constellation de facteurs en considération pour établir la position des classes dans l’échelle sociale et leurs limites. Un spécialiste académique enquêtant sur l’expérience universitaire des étudiants issus de la classe moyenne a déterminé, par exemple, que le statut de classe moyenne des étudiants ne prend pas uniquement racine dans le revenu, mais dans une multitude de facteurs qui comprend, entre autres, le parcours académique des parents (la plupart d’entre eux n’avaient jamais fréquenté d’institution d’études supérieures) et leur groupe d’emploi.[vii] Dans ce sens, la position dans une classe tient non seulement de notre emploi ou de notre richesse, mais aussi de l’environnement social dans lequel nous évoluons et nous identifions.

Comment délimiter clairement les classes?

Les recherches qui établissent des liens entre les classes et un emplacement ou une hiérarchie, qu’elle soit définie par le revenu, le niveau d’éducation ou un environnement social plus complexe, peut s’avérer d’une grande utilité, surtout dans la perspective de la justice sociale. Elles nous permettent de visualiser les écarts croissants de richesses et de ressources et d’effectuer un suivi des écarts dans le temps. Prenons par exemple les données cumulées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui définit la « classe moyenne » comme le groupe des personnes qui gagnent entre 75 % et 200 % du revenu médian; elles ont révélé que la taille de la classe moyenne au Canada est plus petite que la moyenne de l’OCDE et que les milléniaux ont moins de chances de franchir le seuil de la classe moyenne que les générations qui les ont précédés.[viii]

Or définir les classes en fonction d’emplacements ou de paliers hiérarchiques engendre de nouvelles problématiques : quelles sont les limites inférieure et supérieure des classes? La classification que l’OCDE donne de la « classe moyenne » est en fait complètement arbitraire. Pour quelles raisons le seuil inférieur de la classe moyenne est-il fixé à 75 % du revenu médian. Pourquoi n’est-il pas fixé à 60 % ou à 85 % de celui-ci?[ix] Le problème est loin d’être résolu lorsqu’on englobe les catégories d’emploi ou l’éducation. Pourquoi les métiers de la « classe ouvrière » devraient-ils se limiter au travail manuel ou au secteur des services? Qu’en est-il des enseignantes et enseignants, des infirmières et infirmiers, qui sont souvent les plus engagés sur les lignes de piquetage? Si l’éducation est une variable restrictive pour adhérer à la classe moyenne, quels sont les critères de différenciation? Un diplôme? Des études de cycle supérieur?    

Dans cette édition du quotidien Ontario Workman, l’auteur parle de la « grande marche des travailleurs » du mouvement de protestation pour une journée de travail de neuf heures en Ontario en 1872. Comment pouvons-nous expliquer ce rassemblement dans le contexte des classes? Ontario Workman : Toronto Cooperative Printing Association, 1872. En anglais seulement.

Par conséquent, de telles définitions manquent souvent de spécificité analytique. Et il existe d’autres problèmes historiques et sociologiques. Si la notion de classe sert principalement à exprimer l’inégalité ou un marqueur de différence sur une échelle socioéconomique, elle n’en dit que très peu sur les origines sociales ou structurelles de l’inégalité des classes. Certains penchent pour dire que les classes sont l’invention d’employeurs égoïstes ou malhonnêtes, alors que d’autres s’entendent pour dire qu’elles sont le reflet de l’allocation naturelle des compétences et des talents. Dans ce sens, il est aisé de voir qu’une définition des classes comme indicateur du statut socioéconomique ne peut nous en dire beaucoup sur les origines ou les limites des différences qui séparent les classes.[x]

Les problèmes empirent à mesure que nous tentons de limiter la définition des classes. Élaborer une définition du concept de classe sur le seul principe de la catégorie d’emploi, comme l’ont fait les politicologues mentionnés plus haut, ne permet aucunement d’expliquer les mouvements historiques (ou contemporains) qui ont amené la formation des classes, tels que les regroupements de travailleurs. Si l’unité des classes découle uniquement du fondement technique du travail, comment expliquer que des groupes radicalement distincts s’organisent pour défendre une cause commune? Par exemple, qu’est-ce qui a motivé les relieurs et les ingénieurs à protester avec les travailleurs typographiques et les mouleurs de fer en 1872, dans ce qu’un auteur a nommé la « grande marche des travailleurs »? Quels sont les éléments communs qui les rassemblent? Quel est le principe unificateur? [xi]

Les classessont en fait des relations 

Pour résoudre ces problèmes et ainsi offrir une nouvelle définition et compréhension des classes, d’autres auteurs et historiens ont choisi de recadrer les termes du problème. Au lieu de chercher un seuil acceptable de revenu pour la classe moyenne ou un classement des catégories, ils se sont plutôt demandé comment les individus gagnent leur revenu d’emploi, comment le travail est structuré dans un cadre économique et qui en contrôle ou détermine l’organisation. Ce faisant, ils parviennent à démanteler notre perception des classes comme une série de couches indépendantes basées sur le revenu, l’éducation ou d’autres facteurs, pour nous permettre de concevoir les classes comme des relations sociales entre les gens et entre des gens et des biens de propriété dans un marché de l’emploi capitaliste.

Selon bon nombre d’auteurs et de militants en faveur du mouvement des travailleurs, le capitalisme et le système des classes sont érigés sur l’exploitation de la classe ouvrière. Cette image est publiée pour la première fois en 1911 par les Travailleurs industriels du monde (IWW, acronyme qui signifie Industrial Workers of the World), un syndicat de travailleurs radical qui tente, encore aujourd’hui, d’établir un système économique qui dépasse le capitalisme. L’image présente l’exploitation comme une grande pyramide de richesses, structure que la classe ouvrière porte sur ses épaules sans profiter de ses avantages. Bibliothèque de l’Université de Washington, Collections spéciales, UW 1535

Pour les nombreux auteurs qui se penchent sur l’histoire de la classe ouvrière, les classes se forment en fonction de la relation changeante à nos moyens de produire de la richesse, et non pas par nos marqueurs individuels de prospérité ou de statut. Dans cette perspective, la classe ouvrière comprend tous ceux qui se sont vu refuser accès aux moyens de produire et de distribuer des biens, qu’il s’agisse de terres agricoles, d’équipement, etc., et qui doivent s’en remettre à d’autres méthodes pour subvenir à leurs besoins, notamment de travailler en échange d’un salaire horaire ou fixe. La classe supérieure ou capitaliste regroupe les individus qui s’approprient ou achètent ce travail et qui se servent de la valeur créée par les travailleurs pour créer encore plus de richesse.  

Certains chercheurs investis notamment dans le domaine de l’économie attribuent à cet échange une motivation principalement transactionnelle et notent que les travailleurs échangent volontairement leur travail pour un revenu et qu’ils peuvent choisir de refuser de travailler ou de vendre leur travail à un acheteur plus offrant. Mais D’autres font remarquer que nombreux sont les travailleurs qui ne jouissent pas de cette liberté de refuser de travailler ou de s’abstenir de travailler pendant de longues périodes. Pour cette raison, et parce que seule une infime portion de la valeur générée par les travailleurs leur est remise sous la forme d’un salaire fixe ou horaire, de nombreux auteurs s’opposent à la qualité purement transactionnelle de la relation travailleur-employeur et parlent plutôt d’une relation basée sur l’expérience de l’exploitation.[xii]

Par conséquent, les classes capitaliste et ouvrière ne peuvent être séparées dans des catégories ou des niveaux indépendants, comme la méthode précédente a tenté de le démontrer. Comme l’a énoncé l’historien de renom E.P. Thompson, « il n’est pas possible d’avoir deux classes distinctes, entièrement indépendantes, pour ensuite les mettre en relation ensemble. » [L’emphase vient du texte original.] Ces classes évoluent ensemble au fil de l’histoire puisque le développement de la première dépend étroitement de la croissance et l’exploitation de la seconde. L’étude des origines de la classe ouvrière ou capitaliste ne consiste donc pas à cerner l’appauvrissement économique ou la création des manufactures, mais bien d’explorer comment cette relation a émergé et comment elle reflète le vécu ou les tribulations de leurs membres. [xiii]

Au-delà des descriptions sur les différences entre les classes  

Ce cadre de travail est fort utile puisqu’il répond à quelques-uns des problèmes analytiques ou liés aux définitions des classes sociales basées sur l’emplacement. Nous n’avons pas à séparer le travail des cols bleus des autres types de travail manuel dans le seul but de les classifier ou de désigner un seuil de revenu arbitraire pour définir la « classe moyenne ». Il faut reconnaître que les deux catégories décrites ci-haut ne permettent pas de représenter adéquatement la totalité des individus et c’est pour cette raison que nous utilisons le terme « classe moyenne ». Prenons le cas d’un professionnel de la santé qui a sa propre clinique; il facture les systèmes de couverture de soins de santé provinciaux pour tous les patients qu’il traite. Cette personne a, entre autres, un bien meilleur accès aux moyens de produire de la richesse et n’est ni forcée à vendre son travail en échange d’un salaire ni de s’approprier le travail d’autres personnes (même s’il doit employer du personnel pour opérer sa clinique). En observant les classes comme l’expression d’une relation, il devient aisé d’en tirer une image raisonnablement cohérente d’une société à trois classes.[xiv]

Or la valeur d’un tel cadre dépasse en tous points au besoin d’élaborer une simple définition. Il permet, en premier lieu, de brosser un portrait plus clair du mode de fonctionnement de notre économie et comment l’inégalité des classes y prend racine, plutôt que de se limiter à décrire les inégalités. En abordant le concept des classes dans la relation aux moyens de produire des biens et des services, nous pouvons mettre en lumière les conflits d’intérêt inhérents au processus même de production et qui motive la domination d’une classe par une autre. Le propriétaire d’un café est grandement motivé à conserver ses coûts de production bas et de gérer à la baisse ses coûts en main-d’œuvre. Pour y arriver, il peut priver ses employés de droits de négociation et d’avantages sociaux, il baissera les salaires au minimum imposé par la loi ou en contrôlant les processus de travail de façon à accélérer les activités des travailleurs. Peu importe la méthode, le résultat sera le même : des écarts croissants de richesses et de sécurité entre ceux qui possèdent des moyens de production et ceux qui n’ont d’autre choix que de vendre leur travail pour manger et vivre. 

Ce cadre de travail nous permet de plus de mieux expliquer la montée et le développement du mouvement des travailleurs dans l’histoire du Canada et de rendre compte de l’expression des conflits de travail comme le Mouvement pour les journées de travail de neuf heures. Un tel mouvement implique, après tout, certains points communs de l’expérience et la reconnaissance des intérêts collectifs qui émergent des difficultés, des rituels et des célébrations culturelles. Étudier les classes en tant que relations basées sur l’expérience collective de l’exploitation et la grande lutte qui consiste à tirer de la valeur des processus de travail et à les contrôler nous permet d’identifier les points communs et d’expliquer pourquoi différentes forces gagneraient à s’allier pour mener un combat visant à gagner son autonomie et sa dignité.[xv]

Les questions de la lutte des classes aujourd’hui

Finalement, cette perspective soulève des enjeux importants pour les mouvements politiques d’aujourd’hui. Si l’inégalité des classes reflète les problèmes inhérents à notre système économique, quelle est la meilleure stratégie pour y remédier? Faut-il simplement imposer des paramètres légaux pour protéger l’intégrité des opérations en milieu de travail, augmenter le salaire minimum et améliorer les règles de sécurité? Les fourchettes d’imposition constituent-elles la solution la plus viable pour réduire la polarisation des richesses? Ou faut-il mettre en place des solutions beaucoup plus exhaustives dans les lieux de travail, allant même jusqu’à entraver le pouvoir décisionnel des travailleurs? Par exemple : les travailleurs ont-ils le droit d’être représentés dans les conseils d’administration des entreprises, comme c’est déjà le cas pour plusieurs en Allemagne? Ou bien faut-il laisser aux travailleurs le soin de déterminer comment les biens sont produits en fonction des besoins et de la valeur d’usage plutôt que de prioriser le profit, comme l’ont longtemps fait valoir les Travailleurs industriels du monde?[xvi]  L’état devrait-il prendre le contrôle de la production pour offrir des biens gratuitement dans des points d’accès donnés, tel qu’il le fait déjà dans certains domaines des soins de santé?  

Ces questions restent encore et toujours d’une grande difficulté à résoudre. Or il est possible que certaines des questions qui émergent du passé, et qui feront l’objet de ce projet de Moments déterminants Canada, nous fourniront des éléments de réponse pour nous indiquer la marche à suivre ou nous offrir des indices pour pouvoir espérer à un futur plus juste et équitable. 


References

[i]  Consulter, par exemple, l’article « NDP insider says the party abandoned working-class Ontarians to Doug Ford » (en anglais seulement) de Rob Ferguson paru le 8 juin 2022 dans le quotidien Toronto Star, https://www.thestar.com/politics/provincial/2022/06/08/ndp-insider-says-the-party-abandoned-working-class-ontarians-to-doug-ford.html; Consulter également : la plateforme électorale nationale du Nouveau parti démocratique, « Bâtir une économie qui fonctionne mieux pour plus de gens » (2021), https://www.npd.ca/economie?_gl=1*ohyjse*_ga*ODMxMjc4MjU1LjE2NjgzNjYyODI.*_ga_97QLYMLC56*MTY2ODM2NjI4MS4xLjAuMTY2ODM2NjI4MS4wLjAuMA.

[ii] Parti libéral du Canada, « Avancer : Un plan concret pour la classe moyenne » (2019): pages 7, 18, https://2019.liberal.ca/wp-content/uploads/sites/292/2019/09/Avancer-Un-plan-concret-pour-la-classe-moyenne.pdf; Article « The working class has had enough » de Shannon Proudfoot, paru dans le magazine Maclean’s (en anglais seulement) le 13 septembre 2021, https://www.macleans.ca/longforms/the-working-class-has-had-enough/.

[iii] Tel qu’expliqué par Ellen Meiksins Wood, il s’agit des deux plus grands, et peut-être même des deux seuls cadres, de réflexion pour aborder de manière générale ou théorique, le concept de classes. Ellen Meiksins Wood, Democracy Against Capitalism: Renewing Historical Materialism (Cambridge : Presses universitaires de Cambridge, 1995) (en anglais seulement), page 76.

[iv] Wood, Democracy Against Capitalism (en anglais seulement), page 76.

[v] Lorsque le groupe EKOS Research Associates a sondé les Canadiennes et Canadiens en 2015, il a, par exemple, demandé aux participants de définir leur classe à l’aide d’une structure à 4 échelons et en évaluant leur position par rapport à la pauvreté : pauvre, classe ouvrière, classe moyenne et classe supérieure. EKOS Research Associates, « Understanding the Shifting Meaning of the Middle Class » (en anglais seulement) (2017), page 17, https://www.ekospolitics.com/wp-content/uploads/understanding_the_middle_class_final_report.pdf

[vi]  James E. Foster et Michael C. Wolfson, article « Polarization and the Decline of the Middle Class: Canada and the U.S » (en anglais seulement) paru dans le Journal of Economic Inequality, 8, numéro 2 (2009): page 249; Matthew Polacko, Simon Kiss et Peter Graefe, article « The Changing Nature of Class Voting in Canada, 1965-2019 » (en anglais seulement) paru dans le Canadian Journal of Political Science, (2022), pages 670 et 671; publié en ligne par Cambridge University Press, le 15 juillet 2022; pour obtenir les détails des hiérarchies d’emploi, consulter la « Classification nationale des professions » (CNP) de Statistique Canada 2021, https://noc.esdc.gc.ca/LaStructure/Hierarchie?objectid=%2fd0IGA6qD8JPRfoj5UCjpg%3d%3d&GoCTemplateCulture=fr-CA.

[vii]  Wolfgang Lehmann, « Becoming Middle Class: How Working-class University Students Draw and Transgress Moral Class Boundaries » (en anglais seulement), paru dans Sociology, 43, numéro 4 (2009) : pages 634 et 635.

[viii] Infographique de l’OCDE, « Sous-pression : la classe moyenne en perte de vitesse » (2019) : https://www.oecd.org/fr/social/sous-pression-la-classe-moyenne-en-perte-de-vitesse-2b47d7a4-fr.htm. Données d’origine cumulées par l’OCDE (2019), Sous pression : la classe moyenne en perte de vitesse, Presses de l’OCDE, Paris, https://www.oecd-ilibrary.org/fr/social-issues-migration-health/sous-pression-la-classe-moyenne-en-perte-de-vitesse_2b47d7a4-fr.

[ix] De nombreux économistes sont au fait de ce problème. Consulter l’ouvrage « Polarization » (en anglais seulement) de Poster et Wolfson, page 249.

[x] James Stolzman et Herbert Gamberg, « Marxist Class Analysis Versus Stratification Analysis as General Approaches to Social Inequality » (en anglais seulement), paru dans le journal Berkeley Journal of Sociology, 18 (1973-1974) : pages 109 et 110.

[xi] Ellen Meiksins Wood, The Retreat from Class: A New ‘True’ Socialism (London : Verso, 1998), page 88; « The Nine Hours Movement: Grand Demonstration on Monday » (en anglais seulement), paru dans le quotidien The Ontario Workman, 18 avril 1872.

[xii] Voici un exemple offert par l’historien Bryan Palmer : « une classe consiste en une dépossession complète de l’accession à la propriété de tout moyen de production de la richesse et les individus qui ne possèdent peu ou pas de propriété, peu importe que leur revenu soit élevé ou bas, stable ou précaire, composent la classe ouvrière. » Bryan D. Palmer, article « Approaching working-class history as struggle: A Canadian contemplation; a Marxist meditation » (en anglais seulement), paru dans Dialectical Anthropology 42, numéro 4 (2018) : page 444; pour des auteurs comme Peter Meiksins, l’exploitation est le principe clé qui permet de distinguer les différentes classes. Consulter l’article de Peter Meiksins intitulé « Beyond the Boundary Question » (en anglais seulement), paru dans le New Left Review, 157 (mai-juin 1986) : pages 101 à 120; pour un exemple de la perspective « transactionnelle », consulter l’article de Daniel J. Benjamin intitulé « A Theory of Fairness in Labour Markets » (en anglais seulement), paru dans le The Japanese Economic Review, 66, numéro 2 (juin 2015) : pages 182 à 225.

[xiii] E.P. Thompson, The Making of the English Working Class (en anglais seulement), (Penguin Books : London, 2013 [1963]), page 8.

[xiv] Ce cadre n’est certes pas sans ambiguïté. Pour certains, il peut être ardu de déterminer si les directeurs de haut rang, qui dépendent souvent d’un salaire, ne font pas partie, eux aussi, de la classe ouvrière, puisqu’ils doivent souvent discipliner leurs travailleurs. Dans ce sens, certains auteurs qui voient les classes comme des relations sociales incluent cette classe de directeurs dans la classe moyenne puisqu’ils n’ont aucun contrôle sur le capital et agissent plutôt sur le compte de la classe capitaliste afin d’en superviser ou d’en gérer les affaires. Consulter l’ouvrage « Beyond the Boundary Question » (en anglais seulement) de Meiksins, pages 102 à 104, pour en connaître davantage. 

[xv] Meiksins Wood, The Retreat From Class (en anglais seulement), page 88; il est crucial de comprendre que les travailleurs ne partagent pas tous la même expérience de classe. Au contraire, comme l’ont noté plusieurs historiens, l’oppression des classes recoupe d’autres formes de contrôles sociaux, notamment la discrimination fondée sur le genre et l’ethnicité. Un des principaux défis des travailleurs du Canada a été et continue d’être le développement d’un mouvement des travailleurs aussi vaste qu’inclusif, mouvement qui permettrait de confronter non seulement l’exploitation des classes mais aussi le racisme et la misogynie. Parmi les ouvrages historiques et fondamentaux à découvrir qui touchent cette lutte dans le contexte canadien et qui conçoivent les classes dans le cadre d’une relation sociale, nous comptons : Gregory S. Kealey, Toronto Workers Respond to Industrial Capitalism, 1867 – 1892 (Toronto : Presses de l’Université de Toronto, 1980); Joan Sangster, Earning Respect: The Lives of Working Women in Small-Town Ontario, 1920-1960, (Toronto : Presses de l’Université de Toronto, 1995); David Goutor, Guarding the Gates: The Canadian Labour Movement and Immigration, 1872-1934 (Vancouver : Presses de l’Université de la Colombie-Britannique, 2007). Tous ces ouvrages sont offerts en anglais seulement.

[xvi] Pour le cas de l’Allemagne, consulter : Susan R. Holmberg, « Fighting Short-Termism with Worker Power: Can Germany’s Co-Determination System Fix American Corporate Governance? » (Institut Roosevelt : octobre 2017) : https://rooseveltinstitute.org/wp-content/uploads/2020/07/RI-Fighting-Short-Termism-201710.pdf; pour une discussion informative sur le syndicat des Travailleurs industriels du monde (IWW) et son histoire, consulter Mark Leier, Where the Fraser River Flows: The Industrial Workers of the World in British Columbia (Vancouver : New Star Books, 1990).