Citez

Marie Duchesnay-Marra

Marie Duchesnay-Marra, WRCNS

Biographie

Née à Québec le 14 octobre 1920, Marie Caroline Amélie Duchesnay‑Marra a étudié chez les Ursulines de Québec dans un monastère catholique du XVIIe siècle, juste avant d’aller à l’école de commerce.

En mars 1942, elle est devenue cryptographe pour la Marine royale du Canada (MRC), comme employée civile. Elle a aidé les Alliés à sécuriser les communications sans fil par l’encodage et le décodage de messages secrets, transmis et reçus avec des téléscripteurs. Ces appareils ressemblaient à des machines à écrire, à la différence qu’ils pouvaient communiquer avec d’autres appareils en passant par des réseaux radiophoniques ou téléphoniques.

En juin 1943, Mme Duchesnay-Marra s’est enrôlée dans le Service féminin de la Marine royale du Canada (WRCNS), et a suivi son instruction de base au NCSM Conestoga, à Galt (Ontario). Seule francophone de la classe, elle a peiné à réussir l’examen final, qui se déroulait en anglais. Elle a fini par réussir la formation, après quoi elle est passée à l’école de transmissions de la MRC, au NCSM Saint-Hyacinthe (Québec). Là-bas, elle a perfectionné ses compétences en cryptage et appris d’autres méthodes de signalisation, notamment les signaux lumineux et les pavillons.

Une fois sa formation terminée, Mme Duchesnay‑Marra a été affectée à Halifax, dans le centre des messages. En général, son travail était vital pour la sécurité des convois traversant l’Atlantique Nord dans les eaux pleines de sous-marins allemands. Elle a été amenée à aller travailler à Ottawa et à Gaspé (Québec), avant de quitter le Service en août 1945.

Mme Duchesnay‑Marra a poursuivi son métier de cryptographe après la guerre, laquelle n’a fait que marquer le début de sa carrière : de 1945 à 1962, elle a travaillé pour le service extérieur du Canada aux ambassades de France, de Belgique, des États-Unis et de Turquie. C’est durant cette période qu’elle a rencontré son mari, Paul Marra, avec qui elle s’est installée en France à Strasbourg, puis à Saïx, au sud du pays. Après la mort de son partenaire, en 1992, elle est revenue au Canada.

Marie Duchesnay‑Marra est décédée à Montréal le 8 décembre 2007, à 87 ans.

Contexte de guerre

Cryptographie

La cryptographie, ou le cryptage, consistait à rendre des données illisibles pour garantir des communications sécurisées. Quand l’armée voulait envoyer un message, normalement, elle ne voulait pas que l’ennemi puisse l’intercepter et le lire. Les messages étaient alors transmis sous forme de codes, et seules les personnes connaissant les règles de décodage (constituant une clé) pouvaient les lire.

Durant la Seconde Guerre mondiale, les militaires et les gouvernements du monde entier utilisaient massivement la télégraphie sans fil, en envoyant des transmissions par ondes radio. Le problème, c’est que contrairement à une ligne directe (qu’il fallait brancher sur une table d’écoute), cette méthode permettait à n’importe qui d’intercepter les messages avec un récepteur radio bien syntonisé. L’envoi de messages cryptés était donc d’autant plus important. Grâce au travail de Marie Duchesnay‑Marra, les marines des Alliés peuvent transmettre des communications sécurisées d’un bout à l’autre du Canada et de l’Atlantique. On peut dire qu’elle aura apporté une contribution essentielle à la sécurité du personnel des Alliés traversant l’Atlantique, ainsi qu’au succès de la préparation en Grande-Bretagne contre l’invasion de la Normandie.

Service féminin de la Marine royale du Canada

Fondé le 31 juillet 1942 par le gouvernement canadien, le Service féminin de la Marine royale du Canada (WRCNS) – indépendant de la MRC – est un service auxiliaire offert par les femmes pendant la Seconde Guerre mondiale. Il constitue l’équivalent maritime de la Division féminine de l’Aviation royale du Canada et du Service féminin de l’Armée canadienne. Les femmes des forces navales canadiennes sont surnommées « Wrens », soit l’adaptation logique de « WRNS », désignant le Women’s Royal Naval Service britannique.

De 1942 à 1946, les Wrens canadiennes pratiquent 39 métiers différents. Certaines assument des fonctions traditionnellement réservées aux femmes (travail de bureau, cuisine, buanderie); d’autres – comme Marie Duchesnay‑Marra – sont reconnues pour leurs compétences en communication et se voient confier des postes en télégraphie sans fil, en renseignements sur les transmissions et en cryptographie. Les Wrens coordonnent aussi les trajets des convois naviguant dans les eaux canadiennes depuis les stations d’avertissement radio et de traçage. À partir de 1943, bon nombre d’entre elles sont affectées à de grandes bases navales à Halifax ou à Esquimalt.

Les femmes ne sont pas autorisées à servir sur les navires de guerre du Canada, mais elles servent tout de même à l’étranger. En plus des 500 femmes travaillant à Terre-Neuve (alors un dominion indépendant), quelque 500 Wrens servent aux bases navales canadiennes et au quartier général en Grande-Bretagne, et 50 sont affectées à des bureaux à Washington et à New York, aux États-Unis.

Au total, durant la Seconde Guerre mondiale, 6 783 femmes s’enrôlent dans le WRCNS. Si la Marine royale du Canada tarde à reconnaître la valeur de leur service, il reste que les Wrens ayant fait figure de pionnières ont créé un précédent, sans marche arrière possible. En 1951, Ottawa approuve la création d’une réserve de femmes rattachée à la Réserve de la Marine royale du Canada. En 1955, les forces régulières des Wrens intègrent la Marine royale du Canada, bien que les Forces canadiennes interdisent aux femmes les rôles de combat jusqu’en 1989. Ce n’est qu’à partir de ce moment que les femmes obtiennent le droit de servir sur les navires de guerre canadiens – mais pas les sous-marins, dont l’accès leur sera autorisé plus tard, en 2001.

Ressources additionelles

Short Films

Proudly She Marches
This film from the Second World War is a report on how Canadian women were trained to handle many kinds of work in the Canadian Women’s Army Corps, the Royal Canadian Air Force and the Women’s Royal Canadian Naval Service. Basic training, everyday life in the forces and the contribution of women to Canada’s fighting strength are illustrated.

https://www.nfb.ca/film/proudly_she_marches/embed/player/

Proudly She Marches , Jane Marsh, provided by the National Film Board of Canada


Morse Code Instructional Video