Citez

Danielle Cuisinier Dionne

Danielle Cuisinier Dionne, Machiniste

Biographie

Danielle Cuisinier Dionne est née le 10 mai 1921 à Ermenonville, en France. Sa famille a immigré au Québec au début des années 1930, mais Danielle est retournée à sa terre natale à l’âge de 17 ans. Elle était attirée par le Front populaire, une coalition de partis de gauche qui a gouverné la France de 1936 à 1938. Elle a joint les rangs des jeunesses communistes, ce qui a marqué le début de sa carrière en activisme politique.

Danielle est demeurée en France lors du début de la guerre en septembre 1939, mais elle est revenue à Montréal lorsque les nazis allemands ont conquis la France en juin 1940. Elle a fait fonctionner un tour à l’usine de munitions de la Defence Industries située à Verdun, au Québec. Danielle a également œuvré à titre d’organisatrice des travailleurs du Parti communiste du Canada et de traductrice pour la compagnie et le syndicat. Elle a occupé un poste semblable à titre de représentante syndicale des marins marchands.  

Après la guerre, Danielle est devenue journaliste et traductrice à La Victoire, un quotidien communiste. Elle a joint les rangs de l’équipe de rédaction et a épousé Camille Dionne.

Pendant les années 1960, alors que le Québec est en pleine Révolution tranquille, Danielle coupe les ponts avec les communistes canadiens. Il est possible que cette décision repose sur les origines marxistes-léninistes du Front de libération du Québec, qui a commis des actes terroristes dans le but de promouvoir l’indépendance du Québec. Elle est devenue une alliée du Mouvement Souveraineté-Association, un précurseur du Parti Québécois.   

Danielle a poursuivi sa carrière en journalisme en publiant ses ouvrages auprès de Haïti Progrès établie à Brooklyn, New York. Elle a pris sa retraite à Buckingham, au Québec en 1993, ce qui ne l’a pas empêchée de rester active dans ses fonctions de pacifiste, de poète et d’organisatrice communautaire locale. Elle a revendiqué avec passion le besoin de mettre fin à la production d’armement, en déclarant que les sociétés pouvaient faire un bien meilleur usage de leur fonds en les investissant dans l’éducation, la santé ou l’environnement. Danielle Cuisinier Dionne est décédée le 24 janvier 2006, à l’âge de 85 ans.

Contexte de guerre

L’industrie des munitions du Canada

Avant la Deuxième guerre mondiale, la Dominion Arsenal de la ville de Québec était la seule usine de production de munitions au Canada. On y produisait 750 000 balles de munitions par mois. À la fin de la guerre, les usines de munitions du Canada employaient 30 000 travailleurs, avaient produit 72 millions de bombes d’artillerie et d’obus de mortier ainsi que quelques 4,5 millions de balles d’armes de poing.

Pendant la guerre, la Defence Industries Limited de Verdun, au Québec, où travaillait Danielle Cuisinier Dionne, produisait à elle seule un tiers des munitions d’armes de poing du Canada. L’usine était spécialisée dans la production des cartouches de fusil .303. La contribution de cette usine à l’effort de guerre a été cruciale puisque les soldats canadiens et britanniques du Commonwealth utilisaient des fusils Lee-Enfield, des mitrailleuses légères Bren et des mitrailleuses polyvalentes Vickers qui étaient tous équipés de ces munitions. Les cartouches .303 étaient également les cartouches standards pour les mitrailleuses des avions britanniques tels le chasseur Spitfire ou le bombardier Halifax. Sans ses munitions, les forces britanniques du Commonwealth déployées en Normandie et partout dans le monde n’auraient pas été en mesure de mener des combats.

En avril 1940, le gouvernement fédéral crée le ministère des Munitions et des Approvisionnements, sous la direction de C.D. Howe dans le but de contrôler la production des munitions au Canada. L’usine de Verdun, une usine de munitions britannique de la Première guerre mondiale, avait été réactivée et appartenait au gouvernement du Canada. Elle était gérée et exploitée par les employés de la Defence Industries Limited. En décembre 1942, à l’apogée de sa production, l’usine employait 6 805 travailleurs, dont 52 % étaient des femmes. Le gouvernement canadien avait largement investi dans l’usine de munitions de Verdun. L’usine avait reçu 48 millions de dollars pour moderniser et rénover ses bâtiments. L’investissement a permis l’ajout de 40 nouveaux bâtiments (doublant ainsi la surface des installations à 516 000 pieds carrés), de voies d’évitement ferroviaires ainsi qu’un champ de tir de tests ballistiques.

Pendant la période de la Deuxième guerre mondiale, les travailleurs de l’industrie de la guerre du Canada ont produit 400 navires de guerre, 391 navires marchands, 16 000 avions militaires, 251 000 mitrailleuses, 850 000 véhicules militaires et 900 000 fusils. En 1945, le Canada était le quatrième plus grand producteur de munitions des Alliés, après les États-Unis, l’Union soviétique et le Royaume-Uni.

Relations de travail

Le début de la Deuxième guerre mondiale et l’octroi subséquent de contrats de fabrication de matériel de guerre a permis au Canada de sortir de la Grande dépression. La ville de Verdun, au Québec, a également prospéré en partie grâce à l’usine de munitions de la Defence Industries Limited. Le taux de chômage a considérablement diminué et en juillet 1941, la Commission sur le chômage de Verdun a cessé toutes ses activités.

Verdun n’a pu échapper à une crise de croissance. De nombreux travailleurs qui voyageaient à Montréal tous les jours pour le travail y habitaient. Comme tous les autres centres industriels, l’arrivée importante de travailleurs a causé une crise du logement qui a perduré longtemps après la fin de la guerre.

Les travailleurs de l’usine de Verdun n’ont jamais fait la grève pendant la guerre, même s’ils se plaignaient que des travailleurs similaires de l’Ontario gagnaient de meilleurs salaires. Le gouvernement canadien avait lourdement sanctionné le droit de grève des travailleurs de l’industrie de l’armement de guerre. Malgré tout, les travailleurs des industries aéronautique et automobile ont organisé des arrêts de travail entre 1943 et 1945.

Le boom de la guerre n’a pas duré. La production de munitions du Canada avait déjà commencé à ralentir entre les printemps de 1943 et 1945. La Defence Industries Limited avait mis à pied 35 pour cent de son personnel à Verdun. L’usine a fermé définitivement ses portes en juillet 1945.  

Les employés étaient fiers d’avoir contribué à l’effort de guerre depuis le front civil. Or cette victoire comptait pour beaucoup plus que la défaite de l’Axe. Elle laissait aussi présager un futur rempli d’espoir. De nombreux canadiens ont demandé la création de programme d’aide sociale financée par le gouvernement pour venir en aide aux citoyens lors des périodes d’incertitude économique. Par exemple, le gouvernement libéral du Premier ministre Mackenzie King a mis sur pied, en 1945, l’Allocation familiale, le premier programme de prévoyance sociale universel du Canada.

Ressources additionnelles

Film de l’ONF

« Home Front »

Ce court documentaire fait partie de la série de films de propagande de guerre Le Canada continue de jouer un rôle important dans le maintien du moral des troupes. Dans Home Front, les diverses contributions sociales des femmes de la Seconde Guerre mondiale sont soulignées. De la médecine au travail industriel en passant par l’hospitalité, l’éducation et la domesticité, les services rendus par ces femmes à leur pays sont loués.

Home Front, Stanley Hawes, provided by the National Film Board of Canada