Bob Grant
Bob Grant, Fort Garry Horse
Biographie
Robert “Bob” Dunham Grant est né le 18 novembre 1915, à Hamilton, en Ontario. Adolescent et jeune adulte, il a vu les ravages de la Grande Dépression, notamment sur le commerce de son père. À l’époque, la tension règne en Europe, et le père de Bob a refusé, en 1935, de l’autoriser à participer à un voyage étudiant qui l’aurait emmené à Berlin.
Lorsque la guerre éclata en septembre 1939, Bob a tenté de s’engager dans la Marine royale canadienne. Malgré son expérience nautique, Bob a été refusé en raison de son daltonisme, et s’est enrôlé plutôt dans l’Armée canadienne.
Au début 1941, Bob Grant s’entraînait au Camp Borden avec le Corps blindé royal canadien (CBRC) qui ne disposait pour seuls chars d’assaut que d’anciens chars de la Première Guerre mondiale. L’Armée canadienne prendra des années à recruter, entraîner, et équiper son corps blindé.
Ce ne fut qu’après son départ au Pays de Galles, à la fin 1942, que Bob a tiré pour la première fois avec le canon d’un blindé. L’entraînement a redoublé d’intensité, et Bob et les autres tankers du Fort Garry Horse (10th Canadian Armoured Regiment) ont commencé une formation spéciale avec des chars amphibies, notamment le célèbre Duplex Drive Sherman tank.
Le jour J, le 6 juin 1944, le Fort Garry Horse a déployé ses chars d’assaut pour attaquer Bernières-sur-Mer. Au grand regret de Bob, les chars du régiment sont arrivés trop tard, et les Queen’s Own Rifles of Canada ont subis de lourdes pertes dans l’affrontement avec les défenses allemandes.
Pendant la Bataille de Normandie, le capitaine Grant continuait d’agir à titre de commandant de char. Pendant l’attaque du 4 juillet 1944 contre le village et l’aérodrome de Carpiquet, tandis qu’il manœuvrait son char d’assaut la tête exposée à l’extérieur de la tourelle, Bob a été atteint par des éclats d’obus. En état de choc, il a bondi hors du char, et a dû y être ramené par son équipage.
Une fois ses blessures guéries, Bob a occupé des rôles de non-combat pendant le reste de la guerre jusqu’à la capitulation de l’Allemagne en mai 1945. Devenu major, Bob était commandant par intérim du Fort Garry Horse pendant la démobilisation du régiment. Il est rentré au Canada en septembre 1945.
Après le retour de la paix, Bob Grant a acquis et fait prospérer la Overland Express Limited, une société de camionnage établie dans le sud-ouest de l’Ontario. Lui et son épouse Marion ont eu trois enfants et de nombreux petits-enfants et arrière-petits-enfants. Il a pris sa retraite en 1973 pour se consacrer à sa passion pour la voile.
Bob Grant est décédé le 16 août 2012 après un accident cardio-vasculaire. Il avait 97 ans.
Contexte de guerre
Le Corps blindé royal canadien
Au début de la Seconde Guerre mondiale, l’Armée canadienne était propriétaire de quelques chars d’assaut légers Vickers Mark VI armés uniquement de mitrailleuses. Au lendemain de la victoire éclair de l’Allemagne en France, l’Armée canadienne a mis sur pied le Corps blindé royal canadien le 13 août 1940. Plusieurs années ont été nécessaires pour que le Corps parvienne à recruter, former, et déployer des forces blindées modernes.
À la fin de la guerre, le Canada avait équipé et fait combattre quatre brigades blindées (dont chacune comptait trois régiments blindés) en plus de régiments de reconnaissance blindés, de régiments de voitures blindées, de régiments de reconnaissance, d’un régiment de livraison blindé, et d’un régiment blindé pour le transport du personnel. Le régiment de Bob Grant, le Fort Garry Horse, était l’un des trois régiments blindés de la 2e Brigade blindée canadienne.
Un régiment blindé canadien pouvait déployer 11 chars d’assaut légers en reconnaissance, et 68 chars d’assaut moyens. En Normandie, les chars moyens étaient des Sherman armés d’un fusil de 75 mm gun, à l’exception des quatre chars munis de canons antiaériens de 20 mm et des 12 chars Sherman Firefly, munis du performant canon supérieur 17 pounder pour attaquer le blindage lourd.
Dans la vidéo, Bob raconte que les chars d’assaut allemands étaient souvent supérieurs aux chars canadiens. Les trois principales caractéristiques des chars d’assaut sont leur blindage, leur artillerie (le canon principal), et leur mobilité. Le char d’assaut Sherman était un char de type « cruiser », conçu pour assurer une bonne mobilité, et utilisé pour sa rapidité une fois franchies les lignes de front allemandes. Malgré sa fiabilité, il n’avait pas (à l’exception du Sherman Firefly) le blindage défensif ni la puissance d’attaque des chars d’assaut comme les chars allemands Panther ou Tiger (qui représentaient environ 50 pourcent des chars d’assaut allemands en Normandie).
Pour aggraver le problème, les Alliés devaient avancer pour pouvoir espérer la victoire en Normandie. Or, sur le terrain relativement ouvert du secteur canadien, les chars d’assaut et les canons antichars allemands pouvaient facilement observer le progrès des Alliés. En revanche, puisqu’il suffisait aux Allemands de restreindre le passage des Alliés à leur tête de pont, ceux-ci n’ont que rarement dû lancer des offensives majeures. Lorsqu’ils l’ont fait, leurs chars d’assaut ont eux aussi subi de graves pertes humaines.
Épuisement au combat
Dans son entretien, Bob se souvient avoir brièvement perdu la raison après avoir été atteint par du shrapnel pendant la bataille de Carpiquet. Il pourrait avoir souffert d’un épisode d’épuisement au combat, un terme utilisé par les psychiatres de l’époque pour définir les symptômes de soldats souffrant gravement du stress du combat. Pendant la Première Guerre mondiale, les médecins regroupaient les cas comparables dans la catégorie des « traumatismes du bombardement ». Aujourd’hui, les médecins de l’armée définiraient les blessures non physiques de Bob sous le terme de blessure de stress opérationnel (BSO). Bob n’était pas seul à subir une telle expérience. La bataille de Carpiquet et les batailles subséquentes pour Caen et les crêtes environnantes ont fait de nombreuses victimes d’épuisement dans l’Armée canadienne.
Newsreels
Chars Sherman DD (Duplex Drive)
Une vidéo présentant les chars de nage Sherman DD (Duplex Drive) du type de ceux utilisés par le régiment de Bob Grant le jour J.
Objectif – Le Carpiquet
Des hommes planifient une stratégie près de quelques chars ; des chars traversent une ville, sur les routes menant au point de départ de l’assaut ; un centre de communication de campagne ; des attaques d’artillerie sur l’aérodrome de Carpiquet ; des écrans de fumée ; des roquettes Typhoon sont tirées ; des tirs de mitrailleuses ; des tirs de mortier ; l’infanterie entre dans la ville ; un porte-avions endommagé par un tir direct ; un avion de chasse ennemi est abattu, le pilote saute en parachute de son avion et est capturé par les Canadiens ; de jeunes prisonniers allemands ; des caisses d’obus vides sont récupérées.