« Une vie meilleure et un avenir plus prometteur » : le récit de Laura
Par Laura Gini-Newman

Laura Gini-Newman
Consultante en Éducation
Laura Gini-Newman est une pédagogue avec plus de 30 ans d’expérience en tant que professeure universitaire, enseignante en salle de classe, enseignante ressource, entraineuse et coordinatrice de l’instruction. Elle a enseigné l’histoire, la géographie, la politique, la philosophie, la science informatique, les sciences économiques et les mathématiques. Laura a développé une nouvelle approche à l’apprentissage en mathématique qu’elle partage dans son rôle de consultante en mathématique auprès du Critical Thinking Consortium où elle travaille avec des étudiants, des enseignants et des leaders pour qu’ils deviennent de meilleurs penseurs en mathématiques et dans d’autres sujets, partout au Canada, aux États-Unis, aux Caraïbes, en Amériques centrale et du sud, en Europe et en Asie. Elle a publié et écrit des manuels scolaires, des articles et des ressources pédagogiques en philosophie, en histoire, en mathématiques, en éducation autochtone et plus récemment en psychologie positive appliquée. Elle détient un certificat en psychologie positive appliquée et est co-fondatrice de FlorishCo, une compagnie canadienne qui supporte la cultivation d’un état d’esprit de bourgeonnement et qui œuvre avec des individus, des communautés et des entreprises pour leur apprendre comment fleurir dans leurs vies et dans leurs travails. Avant sa carrière en pédagogie, Laura a été économiste et comptable. Elle a enseigné aux universités de Toronto et de York. Elle est aussi une facilitatrice formée. Laura est bénévole avec la fondation Alma, où elle aide des jeunes andins moins fortunés à connaitre du succès dans leur apprentissage.
Note de rédaction
Au cours des années où j’ai à la fois étudié et enseigné dans un système éducatif occidental (non autochtone), j’ai suivi mon parcours d’apprentissage professionnel, guidée par le désir de protéger les élèves et de les préparer non seulement à l’avenir, mais à la découverte d’un monde rempli de beauté naturelle. Il m’importait aussi de semer en eux l’amour de l’apprentissage, inépuisable. Ces objectifs ont éclairé mon propre cheminement et, plus tard dans la vie, comme enseignante, m’ont aidée à façonner les expériences de mes élèves. Ils continuent de me guider alors que j’accompagne d’autres enseignants et enseignantes à l’œuvre auprès de leurs élèves. Cette quête, qui dure depuis plus de 30 ans, n’a pas atteint son terme. Dans tout ce que je m’apprête à partager avec vous, j’espère que vous serez en mesure de constater ce que j’ai appris sur l’apprentissage et la manière dont je l’ai acquis – comment, comme dans toutes les choses vivantes, mon apprentissage n’a cessé de s’enrichir et d’évoluer face aux défis rencontrés et est demeuré un processus qui se transmet, à l’infini, d’une génération à l’autre.
Mieux vaut construire soi-même son apprentissage
Elle était assise là, regardant fixement par la fenêtre, observant les branches des arbres se balancer au gré du vent, souhaitant qu’elles puissent l’emporter ailleurs, un lieu où elle pourrait explorer le monde derrière les quatre murs qui la confinaient. Elle comptait les feuilles de chaque branche, les petites tout d’abord, puis les grandes. Les grosses branches ont plus de feuilles que les petites, bien sûr, pensa-t-elle. Elle s’est alors demandé en silence si tous les arbres fonctionnaient de la même manière.
La voix de son enseignante interrompit brusquement le fil de ses pensées, la ramenant à la réalité, sur les bancs de l’école. « Pas plus de feuilles d’exercices, s’il vous plaît », Mme Thompson, priait-elle à voix basse, sans se douter qu’elle serait entendue par ladite Mme Thompson, qui s’approchait d’elle. « Non, Sheyla, répondit Mme Thompson, pas plus… Et si tu jetais plutôt un coup d’œil sur les nouveaux livres que j’ai achetés? » Hésitante, mais intriguée, Sheyla emboîta le pas de son enseignante jusqu’à un bureau situé dans le coin arrière de la pièce. « Oh non, pensa-t-elle, elle m’envoie au coin parce que je m’ennuie toujours pendant le cours de mathématiques et que je me laisse distraire. Elle veut que j’arrête de déranger tout le monde. » Par peur de s’attirer des ennuis, elle obtempéra et exécuta à la lettre ce que Mme Thompson lui avait demandé, à savoir de s’asseoir et d’essayer de répondre à quelques-unes des questions des livres sur la table.
Mme Thompson laissa Sheyla explorer les livres. Dès que Sheyla ouvrit l’ouvrage à la première page, elle resta stupéfaite par ce qu’elle vit! L’image d’un gros arbre et d’un petit arbre, accompagnée de cette question : Est-ce que le nombre de feuilles sur tous les arbres, grands ou petits, augmente au même rythme que la taille des branches? Sheyla n’en croyait pas ses yeux! Le manuel de mathématiques posait exactement la même question qu’elle s’était posée quelques minutes plus tôt. Ce constat la laissait cependant un peu perplexe. Les mathématiques ne consistaient-elles pas simplement à remplir des espaces vides avec la bonne réponse? Quelle est la bonne réponse ici, se demanda-t-elle? Y a-t-il une bonne réponse?
À mesure qu’elle feuilletait le livre, sa curiosité s’aiguisait davantage. Il y avait d’autres questions dans le manuel : Qu’est-ce qui fait qu’une branche d’arbre devient plus grande? Quelle est sa longueur? Son épaisseur? Son poids? Son âge? Combien de branches plus petites poussent sur la branche plus grande? Sheyla regarda à nouveau par la fenêtre. Cependant cette fois-ci, ce n’était pas pour tenter d’échapper à son ennui, mais pour voir si elle savait comment mesurer la taille d’une branche par rapport aux autres.
Sheila se mit à dessiner des arbres de différentes tailles, chacun avec des branches de diverses grosseurs. Elle mentionna à Mme Thompson qu’elle aurait besoin d’y penser encore après l’école. Qu’il lui faudrait aller dehors et observer différents arbres et compter le nombre de feuilles sur les branches de différentes longueurs et de différentes grosseurs, et bien regarder les branches plus anciennes par rapport aux plus jeunes. Qu’il lui faudrait voir si les feuilles poussaient en nombre de manière semblable et s’il y avait un motif – une autre question à laquelle on lui demandait de réfléchir dans le livre. La cloche de récréation retentit à ce moment-là. Alors que Sheyla sortait de la classe en sautillant, elle lança à Mme Thompson qu’elle avait tellement de choses à apprendre!
Mme Thompson lui sourit en retour, ravie de constater que Sheyla trouvait non seulement agréable d’apprendre les mathématiques maintenant, mais qu’elle avait également compris la valeur de ce qu’elle était en train d’apprendre. Assurément, en apprenant les mathématiques de cette manière, Sheyla en viendrait à comprendre beaucoup de choses.
Liens pédagogiques
L’histoire relatant l’expérience de Sheyla fait écho à ma propre expérience en tant qu’élève de 3e année. Celle-ci a éveillé en moi une passion durable pour l’apprentissage des mathématiques et ses applications dans le monde qui m’entoure.
En tant qu’éducatrice, cette expérience a marqué le début de mon propre parcours, dans mes efforts pour aider les élèves à acquérir des connaissances. En fait, j’ai appris plus d’une chose :
- En encourageant la curiosité et, par le fait même, la volonté d’apprendre ou la motivation, l’apprentissage authentique est valorisé et trouve une véritable raison d’être;
- Pour nous permettre de nous engager pleinement dans le processus d’apprentissage, celui-ci doit être tourné vers l’avenir afin de contribuer à une meilleure compréhension du monde humain et de l’écosystème naturel dans lequel nous vivons.
Tout réside dans les questions posées
J’entre avec précaution dans la salle 103A. Je suis arrivée tôt dans l’espoir de trouver un peu de réconfort dans ce lieu inconnu avant qu’il ne s’anime. L’espace attire mon regard vers le haut en direction de l’océan de places vides et me submerge. Mon cœur bat la chamade. Est-ce de la peur, de l’excitation ou les deux à la fois? J’ai besoin de m’asseoir.
En l’espace de quelques minutes, l’espace se remplit d’une cacophonie diverse et variée : des chuchotements, des rires, le grincement de tables et de chaises qu’on déplace, et puis le silence. Tous et toutes, nous regardons avec une certaine crainte monter sur l’estrade la personne qui tient entre ses mains un pan de notre avenir. Un écran descend jusqu’au sol et voilà que tombe notre premier devoir. Cinq problèmes éthiques à résoudre.
Le silence gagne tout l’espace. Je commence à lire, comme chacun et chacune d’entre nous. Dans quelle mesure sommes-nous coupables de la destruction des éléments naturels de la Terre? Jusqu’où devrions-nous aller dans nos tentatives pour sauver la planète de nous-mêmes? Devrions-nous accorder des droits légaux à toutes les créatures vivantes sur la Terre?
Alors que mon cœur commence à se mettre au diapason de ma réflexion, je suis intriguée et je me demande jusqu’où va notre culpabilité. Si nous avons causé tant de dégâts, peut-on nous faire confiance pour le contraire, la remise en état? Peut-on exprimer d’autres points de vue?
« Bonjour, interrompt la voix devant moi. Je remarque que vous êtes toutes et tous curieux de savoir ce que vous apprendrez dans ce cours. Le conseil d’éthique humaine accepte des recommandations cette année sur les actions qui peuvent être entreprises afin de préserver la planète pour les futures générations. Votre tâche consistera à proposer et à défendre une recommandation auprès du conseil. Je vous suggère de commencer immédiatement par exposer votre point de vue personnel, puis de le laisser mûrir au cours des prochains mois quand nous explorerons ensemble les principes d’éthique à partir de différentes perspectives culturelles. »
Je soupire de soulagement. L’espace semble plus petit maintenant. J’en fais partie. Je compte. Les autres aussi en font partie. Nous comptons. Notre avenir compte.
Liens pédagogiques
This short narrative tells of my first experience as a university student. We have all experienced the nervousness of our first day of school but nothing tops going into institutions deemed as places of higher knowledge where judgement is ramped. This experience, and others like this one, taught me much about how to create positive learning experiences, including:
- Framing learning around questions give learners decision making powers by inviting them to make sound decisions or choices. These questions offer a range of options to choose from and encourage that they be supported with evidence from lived experiences and new understandings.
- Providing the time needed for valuable and transformative learning to take place by offering the learning question and task at the start of the learning process.
- Providing authentic contexts that present a balanced representation of life—one focused on relationships between the natural and human world and between the heart, mind and soul.
Puis-je et vais-je y arriver?
Il est 16 h et le soleil brille encore de tous ses feux. La journée a été agréable et je m’apprête à sortir prendre l’air pour enfin sentir la chaleur du soleil sur mon visage.
Mes étudiants et étudiantes semblent montrer de l’enthousiasme pour la matière qu’ils vont apprendre dans ma classe d’économie. Ils ont remis leur premier travail, chacun et chacune étant impatients de savoir ce que je pensais de leurs idées. Ils ne se sont même pas préoccupés de connaître leurs notes! Pour la plupart, la révision en mathématiques ne les a même pas ennuyés. Demain, je les emmènerai dehors pour nous installer sous l’érable et réviser les diagrammes. Ce projet leur permettra ainsi de constater que leur apprentissage est un outil qui les aide à mieux comprendre et apprécier ce monde magnifique dans lequel ils vivent.
Un coup soudain à la porte me sort de mes pensées. Je regarde vers la porte et vois que c’est Lori, l’une de mes étudiantes les plus âgées. Elle a le teint pâle et les yeux vitreux. Elle a l’air malade. Peut-être est-elle ici pour me dire qu’elle ne pourra pas venir en classe demain.
« Lori, entre. Que puis-je faire pour toi? » Je m’inquiète pour elle…
Lori vient s’asseoir à côté de moi, à mon pupitre. Elle me confie sa profonde tristesse et ses regrets. Elle me dit qu’elle adore ma classe, mais qu’elle doit abandonner le cours. À mesure que je l’écoute décrire son aversion pour les mathématiques, je deviens de plus en plus découragée. En bref, Lori s’est laissé convaincre par d’autres qu’elle ne devrait plus jamais suivre de cours de cette matière et qu’elle est tout simplement incapable de faire des mathématiques.
Je sais que ce n’est pas vrai. Lori ne présente aucun trouble cognitif ni physiologique. À part la peur et sa confiance en soi qui a été ébranlée, il n’y a aucune raison qui l’empêche de faire des mathématiques et, par conséquent, d’étudier d’autres matières qui l’intéressent et qui nécessitent l’application des mathématiques, comme l’économie.
Lori et moi parlons de ses préoccupations. Enfin, elle se dit prête à prendre le risque de croire en elle tout en me faisant confiance pour la soutenir et la guider. Nous avons convenu de travailler ensemble tous les jours pendant une heure, après l’école, pendant deux semaines. Si elle rencontre toujours les mêmes difficultés à la fin de cette période, je lui promets de signer le formulaire d’abandon de cours pour elle.
Je tiens parole pendant les deux semaines suivantes, et je rencontre Lori. Nous commençons par créer deux listes complètes de notions mathématiques : une que Lori est sûre de comprendre et de mettre en application, et une autre qui la rend anxieuse ou craintive. Avec mon aide, Lori établit des liens entre les idées des deux listes afin de pouvoir se représenter un point de départ favorable pour son apprentissage.
Lori dresse ensuite une liste de tout ce qui est important pour elle, à savoir ce qu’elle considère comme ayant une grande valeur dans sa vie et les défis qu’elle pourrait rencontrer dans ces domaines. Ensemble, nous associons chaque défi aux notions mathématiques correspondantes.
À chaque rencontre suivante, Lori choisit un défi et s’aide des mathématiques pour le résoudre, en commençant par ce qu’elle saisit déjà, puis en allant plus loin pour inclure les principes qu’elle avait à l’origine peur de comprendre, mais qu’elle maîtrise désormais.
À la fin de la période de deux semaines, Lori arrive à mieux se comprendre en tant qu’étudiante et personne. Elle découvre ce qui est important pour elle et constate que pour être motivée à apprendre, elle doit comprendre comment ce qu’elle apprend est en phase avec ce qui compte pour elle. Elle a appris qu’elle se connaît elle-même mieux que quiconque, y compris en ce qui concerne ses habiletés et ses besoins en matière de soutien. Lori sait aussi qu’elle doit être à l’initiative de son apprentissage, prendre d’importantes décisions sur la façon de faire progresser son apprentissage et en parler à quelqu’un qui ne la jugera pas. Elle a acquis la confiance nécessaire pour défendre et concevoir ses propres expériences d’apprentissage.
Plusieurs semaines plus tard, Lori est toujours dans ma classe, rayonnante de confiance et pleinement engagée dans son apprentissage. Je suis convaincue qu’elle sera économiste, mais qui sait, peut-être découvrirai-je un jour que Lori est devenue mathématicienne?
Liens pédagogiques
Les expériences auprès d’étudiants et d’étudiantes, comme Lori, ont façonné ma compréhension du sens de l’apprentissage. Je pense souvent à la raison pour laquelle quelqu’un veut vraiment apprendre quelque chose, et la réponse semble toujours se résumer à l’objectif et à la valeur de la leçon en soi. Lorsque nous voulons comprendre quelque chose et consacrer notre temps et notre énergie pour le faire, c’est parce que cela nous permet de saisir ou d’accomplir quelque chose d’autre. Cela ouvre des perspectives pour une vie meilleure et un avenir plus prometteur pour nous-mêmes et l’ensemble de nos relations. Mon expérience avec Lori m’a enseigné que l’apprentissage peut soutenir le cheminement vers la prise de conscience de soi et la réalisation si :
- il est en adéquation avec les valeurs et les centres d’intérêt de la personne qui apprend;
- il est motivé par des objectifs de vie et soutenu par le programme d’études,
- il se déroule sans jugement et est guidé par une évaluation, surtout une autoévaluation (et non une appréciation extérieure);
- il est fondé sur une approche constructive (et non sur la peur), où priment les forces que la personne en train d’apprendre exploite pour combler ses lacunes avec le temps;
- il reste animé par le désir de surmonter les défis ou les problèmes qui ont une incidence sur la vie personnelle;
- il est construit par la personne qui apprend dans le but de surmonter ces défis.
Comment apporter une contribution qui compte?
Marie respire l’air frais et vif du matin pendant qu’elle se rend à Brighthouse, l’école de sa colonie huttérienne. Elle s’est levée tôt ce matin, allant vérifier si les poules ont pondu des œufs frais pour elle et d’autres communautés des environs. Le matin est son moment préféré de la journée. Elle éprouve cette sensation de renouveau alors qu’une nouvelle journée commence, que la rosée matinale se dépose sur les arbres et les plantes, et que le soleil resplendit de tous ses rayons pour réveiller tous les êtres qui ressentent sa chaleur.
C’est le début d’une nouvelle journée d’apprentissage pour mes élèves aussi, songe Marie. Aujourd’hui, comme tous les autres jours, ils vont surmonter les obstacles et les peurs, acquérir de nouvelles notions et gagner en confiance.
Quand Marie entre dans la salle de classe, elle s’assure que les bureaux, les plus petits pour ses élèves de la 1re à la 4e année et le reste pour ses élèves de la 5e à la 8e, sont disposés de manière à ce que les plus âgés épaulent les plus jeunes. Un de ses objectifs est d’aider ses élèves à trouver un équilibre juste entre l’apprentissage en collaboration et la capacité d’apprendre par soi-même.
Remarquant que ses élèves allaient arriver dans quelques minutes, Marie décide de rapidement aborder devant la classe la question sur laquelle les élèves ont enquêté : Le plastique est-il le meilleur matériau à utiliser dans l’usine de fabrication de bouteilles de la colonie?
La communauté fabrique des bouteilles en plastique depuis un moment déjà, mais ses membres s’inquiètent des effets de l’utilisation du plastique dans l’environnement. Les élèves ont entendu leur famille discuter du problème le midi à table ou au centre communautaire. Ils ont fait connaître leur désir de prendre part aux discussions. Ils veulent contribuer à la recherche de solutions.
Marie pense que cela correspond parfaitement à ce que ses élèves vont apprendre à l’école. Elle a enregistré tous les liens du programme d’études de la 1re à la 8e année et déborde d’enthousiasme : une vraie mine d’or, c’est incroyable! Il y a tellement de ressources en mathématiques que les élèves peuvent utiliser pour aider la communauté à prendre des décisions financières liées à la production et aux ventes. Et il y a tant de ressources scientifiques à leur disposition pour comprendre les matériaux et leur interaction avec l’environnement et entre eux, sans compter les ressources en géographie pour comprendre comment l’environnement de la communauté est façonné et ce qui contribue à sa structure même, ou encore celles en histoire pour explorer les différents types de contenants de boisson utilisés autrefois, notamment leurs formes et les matériaux. Bien sûr, pour que les élèves puissent participer aux réunions du conseil de la communauté, ils devront également apprendre à communiquer leurs idées de manière claire et convaincante.
Marie adresse un sourire exprimant une profonde satisfaction alors que ses élèves se frayent un chemin pour entrer en classe. Ils ne remarquent même pas sa présence près de la porte pendant qu’ils défilent. Ils échafaudent déjà des idées sur ce à quoi pourrait ressembler la communauté et comment ils peuvent s’y prendre. Marie sait qu’un tel niveau d’enthousiasme durera, voire continuera de croître à mesure que les élèves participeront activement à la prise de décisions dans la communauté.
Liens pédagogiques
Au fil des ans, j’ai travaillé avec des enseignantes et des enseignants dans divers contextes. Mais c’était ma première expérience avec une enseignante manitobaine dans une école huttérienne. Celle-ci m’a amenée à considérer le programme d’études sous la forme d’un continuum d’apprentissage où la compréhension des concepts clés se renforce avec le temps. Les élèves pouvaient ainsi apprendre les proportions en mathématiques, la composition de la matière en sciences, le changement et la continuité en histoire ou en géographie, ou encore l’art de la persuasion comme forme de communication. Un exercice de réexamen s’enclenchait chaque année pour enrichir cette compréhension de manière itérative. Finalement, cette expérience a transformé la façon dont j’aiderai tout le personnel enseignant à planifier la mise en œuvre de programmes d’études – ce que j’appelle désormais l’« enquête critique approfondie » ou une « planification de programme d’études en cascade ».
Que m’a appris cette expérience?
- Les possibilités d’apprentissage doivent être motivées par la vie elle-même et le programme d’études doit appuyer ces possibilités, plutôt que d’en être l’objectif principal.
- L’apprentissage par l’intermédiaire de programmes d’études est un processus qui intègre constamment des notions et unifie la compréhension des relations entre les concepts clés dans divers domaines d’études.
- Pour que le programme d’études mène à l’acquisition d’un ensemble de connaissances riches, intégrées et intériorisées, il doit être construit selon une structure flexible, à la fois malléable, accessible et sécurisante, pour chaque apprenant – où les notions ne doivent pas être avalées comme un ensemble d’informations prédéfinies, inconsidérément par tous les élèves.
- L’apprentissage doit être tourné vers l’avenir et l’action, et contribuer à l’édification d’un avenir prometteur pour tous et toutes.