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Michael Smith– le scientifique

De: Howard Akler

crédit photo: Dina Goldstein

Un chercheur, Michael Smith, effectue une transformation microscopique et ce faisant, propulse de centaines de milliers d’années le cours habituel de l’évolution. C’est sans contredit son cheminement de chercheur qui le prépare à accélérer la recherche et les connaissances.

En 1956, Smith termine ses études doctorales à l’Université de Manchester dans le domaine de la chimie organique, l’étude de la synthèse des molécules à base de carbone, comme celles qui composent les médicaments, les additifs alimentaires et les produits cosmétiques. Lors de son arrivée à l’Université de la Colombie-Britannique dans le laboratoire dirigé par Har Gobind Khorana, il entreprend d’effectuer des recherches en biochimie, une discipline qui explore les processus moléculaires des organismes vivants. Il admet que la biochimie est en effet un domaine de recherche beaucoup plus ardu. 

Au laboratoire Khorana, il se voit confier un premier mandat qui consiste à développer une procédure de synthèse chimique des triphosphates nucléosidiques qui sont des sous-unités de l’acide nucléique que nous connaissons mieux sous l’acronyme ADN. Après quatre années de recherches moléculaires, Smith suit Khorana à l’Institute for Enzyme Research (l’Institut pour les recherches sur les enzymes) de l’Université du Wisconsin. Il y reste un an avant de revenir à Vancouver et d’accepter un poste auprès du Conseil de recherches sur les pêcheries du Canada pour y étudier les comportements alimentaires des saumons de la rivière Fraser. 

Il est également en mesure de poursuivre ses travaux sur les acides nucléiques grâce à une subvention des National Institutes of Health des États-Unis. Smith dispose d’un laboratoire sur le campus de l’Université de la Colombie-Britannique ainsi que le titre de professeur agrégé de la faculté de biochimie, un poste à temps partiel non rémunéré. Il s’investit dans ses deux projets jusqu’à ce que les Instituts de recherche en santé du Canada lui offre un poste rémunéré d’associé en recherche grâce auquel il devient un membre à part entière de la faculté à l’Université de la Colombie-Britannique. Il fait de la faculté de biochimie sa demeure académique permanente. 

En 1976, Smith prend une année sabbatique. Il passe une année à l’Université de Cambridge à travailler aux côtés de Fred Sanger, lauréat du prix Nobel de 1958 pour sa découverte de la structure moléculaire des protéines. Smith y étudie le séquençage de l’AND, la méthode visant à déterminer l’ordre des quatre blocs de construction chimique qui forment une molécule d’ADN. 

Un de ses collègues, Clyde Hutchison III, biochimiste américain, se trouve également à Cambridge pour y effectuer des recherches similaires. Ils adorent échanger et discuter de leurs recherches. Hutchison, dans ses plus récents travaux, se penche sur la mutation d’un virus et il en infecte des bactéries pour étudier comment il se reproduit. Smith formule une théorie similaire selon laquelle il altérerait la séquence d’un fragment d’ADN avant de l’insérer dans un organisme hôte. Les informations génétiques ainsi reprogrammées pourraient ensuite servir à créer de nouvelles protéines, qui pourraient à leur tour servir de protéines pour construire les muscles, les os, les organes, les dents, les cheveux et les ongles du corps. 

Lorsque Smith revient à Vancouver l’année suivante, il met sa théorie en pratique. Il retrousse ses manches et se met au travail, passant parfois 18 heures par jour dans son laboratoire. Au début des années 1980, son laboratoire produit de vastes quantités de protéines génétiquement modifiées. L’évolution requiert des centaines de milliers voire des millions d’années pour modifier des traits héréditaires. Le 20e siècle a vu de nombreux chercheurs tenter d’altérer les gènes à l’aide de sources de radiation, mais en vain; leurs résultats concluants étant rares et souvent complètement aléatoires. La percée de Smith permet aux personnes de sciences de modifier n’importe quel gène précis dans n’importe quel site spécifique. Son processus de « mutagénèse » dirigée permet de réparer le mauvais fonctionnement des gènes. 

Lorsqu’il se remémore son cheminement de chercheur, Smith résume sa carrière comme suit : « Dans le domaine de la recherche, il est primordial d’aimer son travail et de s’y donner pleinement parce qu’il est fort probable que les choses ne se passent pas comme prévu. Or, rien n’égale les moments d’excitation lorsque les choses fonctionnent enfin. »

Courtoisie de BC Cancer