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L’héritage de Michael Smith

De: Howard Akler

Michael Smith a appris comment réécrire le code de la vie. C’est en soi un accomplissement de taille. Mais ce n’est pas tout. Grâce à l’achèvement du projet du génome humain en 2003, les chercheurs possèdent maintenant une carte complète du tissu génétique du corps humain. Le fruit des travaux de Smith leur offre la chance de remplacer ou de réparer les gènes défectueux qui peuvent causer des maladies.

Une nouvelle pratique appelée thérapie génique consiste à attaquer directement les maladies. Nous assistons aux premières percées expérimentales. La majeure partie des efforts de recherche vise des maladies extrêmement rares, telles que la maladie héréditaire de la rétine (MHR). En l’an 2000, Santé Canada a approuvé une toute première thérapie génique, Luxturna, conçue pour traiter la maladie héréditaire de la rétine. Le succès de ce type de thérapie nourrit l’espoir que la thérapie génique pourra éventuellement aider des patients atteints de divers troubles, notamment les cancers, les maladies du cœur et le diabète. Nombreux sont les chercheurs qui voient en la thérapie génique le domaine de la santé de l’avenir. 

Smith était un chercheur avide. Son mandat à l’Université de la Colombie-Britannique représente 30 belles années de plaisir. En 1987, il décide que le temps est venu de contribuer à l’essor de son domaine. Il accepte le poste de directeur fondateur du Laboratoire de biotechnologies de l’Université de la Colombie-Britannique; cet établissement porte désormais le nom de Laboratoire Michael Smith. Cette unité multidisciplinaire se dévoue entièrement à la recherche pure. Smith y recrute de jeunes scientifiques talentueux et s’affaire à dénicher de nouvelles sources de financement. Loin d’apprécier les tâches administratives, il s’acquitte de cette corvée avec rigueur dans le but de faire rayonner les sciences moléculaires. 

Laboratoires Michael Smith Crédit : Université de la Colombie-Britannique

Le prix Nobel de chimie que Smith reçoit en 1993 contribue plus que tout à faire connaître son domaine de prédilection. Il fait don de la totalité du prix en argent d’une valeur de 500 000 $. Il en remet la moitié au programme de bourses de recherche postdoctorales sur la schizophrénie et l’autre moitié au financement de l’éducation publique des sciences au centre Science World de la Colombie-Britannique d’une part et à la Société des canadiennes dans la science et la technologie d’une autre part. 

Si Michael Smith nous a quitté il y a plus de 20 ans, son héritage est toujours aussi fort. La Fondation Michael Smith pour la recherche en santé, le Centre des sciences du génome Michael Smith de l’Institut de recherche BC Cancer et le Laboratoire Michael Smith de l’Université de la Colombie-Britannique témoignent de sa contribution à la science. 

Dans une vidéo commémorative du 25e anniversaire du prix Nobel, Brett Finlay, professeur de microbiologie et un des premiers chercheurs recrutés par Michael Smith, affirme que : « Demandez à n’importe qui de nommer le nom du plus prestigieux prix scientifique; ils vous répondront tous le prix Nobel. Pour cette raison, Michael Smith est devenu une célébrité au Canada. Il a mis à profit la tribune que lui a offert son prix Nobel pour s’adresser aux politiciens d’Ottawa et d’ailleurs. Il s’est servi de son prestige pour faire valoir l’importance de la science au Canada et partout dans le monde. »