Février – Mars 1945
La Campagne de la Rhénanie
La victoire de la bataille de l’Escaut ayant permis de rouvrir le port d’Antwerp, l’armée canadienne a pu profiter de trois mois de sursis bien mérités. Si la guerre en était à sa dernière phase, les combats étaient loin d’être terminés et les Allemands n’étaient pas prêts à concéder la victoire.

Pour mener à bien une invasion de l’Allemagne en février 1945, le général Harry Crerar était à la tête de la Première armée canadienne, soit la plus grande formation menée par un seul commandant : 2 corps d’armée (2 canadiens et 30 britanniques) composés de six bataillons d’infanterie et de trois divisions blindées. La force du nombre de cette armée était nécessaire puisque les forces de Hitler défendaient maintenant leur patrie. Jusqu’à présent, les Allemands avaient combattu pour converser le territoire conquis. Ils se battaient désormais pour défendre leur nation et leurs familles. Ils combattaient donc avec plus de fougue et ne cédaient du terrain qu’après un combat acharné et sans merci.
Les forces britanniques ont pris en charge la première phase de ce combat. Le 2e corps canadien n’a pas tardé à venir prêter main forte. Ils devaient maintenant combattre sur un champ de bataille glacé, humide et boueux et faire face à un ennemi qui semblait jouir de munitions d’artillerie sans limites. C’est dans le cadre de l’opération Blockbuster, la seconde phase de ce combat, que la Première armée canadienne a pris le relais des combats. L’infanterie, l’artillerie et les chars d’assaut ont travaillé de concert pour atteindre leurs objectifs.

En date du 1er mars, les Canadiens avaient progressé d’environ cinq kilomètres et se préparaient à attaquer Hochwald Gap. Les chars d’assaut de la 4e division blindée du Canada ouvraient la marche. Le nombre de victimes étaient élevé puisque les Allemands recevaient continuellement des renforts et semblaient prêts à tout pour ne pas céder de terrain.
Le dur combat de Hochwald s’est poursuivi jusqu’au matin du 2 mars, moment à partir duquel l’ennemi a disparu. En raison du progrès des Américains au sud, les Allemands s’étaient repliés sur l’autre rive du Rhin. Ils n’avaient d’autre choix que de battre en retraite, faute de quoi ils auraient été encerclés et vaincus.

Les opérations Plunder et Varisty sont le théâtre du dernier acte de la bataille de la Rhénanie; un assaut qui amène les forces alliées à traverser le Rhin pendant que des troupes de parachutistes et aéroportées s’enfoncent en territoire ennemi. Les Canadiens ont joué des rôles de premier plan dans ces deux opérations. Le 23 mars, l’opération Plunder est mise en branle et des unités de la 3e division d’infanterie du Canada traversent le Rhin à la suite des régiments britanniques. La 9e brigade d’infanterie canadienne a dû mener un combat acharné à la tête de pont. L’opération Varsity, la dernière grande mission aérienne anglo-américaine de la guerre, a quant à elle eu lieu le 24 mars. Les parachutages initiaux de la 17e division aéroportée américaine et de la 6e division aéroportée britannique (y compris le 1er bataillon de parachutistes canadiens) se sont déroulés presque sans opposition, mais les défenses antiaériennes allemandes ont rapidement ajusté leur portée et de lourdes pertes ont été subies lors des largages ultérieurs.


Quelques jours plus tard, les Allemands commencent à battre en retraite et cette bataille se termine vers la fin mars. Les combats ont été difficiles et les pertes, très nombreuses. Pendant cette période, la Première armée canadienne a perdu un total de 15 634 soldats, morts, blessés ou disparus au combat. Pendant une période de deux mois, le nombre de Canadiens s’élève à 5 304. 1 617 d’entre eux sont enterrés au cimetière de guerre du Canada de Groesbeek, aux Pays-Bas.

La campagne a pris fin lorsque les alliés ont traversé le Rhin pour aller neutraliser la dernière ligne de défense des Allemands. Les armées britanniques et américaines, appuyées à l’est par les Soviétiques, allaient poursuivre les combats à l’intérieur du territoire allemand. Pour les Canadiens, la prochaine étape consistait à libérer les Pays-Bas. La guerre allait se terminer quelques six semaines plus tard, mais personne n’aurait pu le prédire à ce moment de l’histoire.