Jours de camp
Par Cataline Fric
Cataline Fric (qui se prononce CUT-LIN FRITZ) est un grand amateur de plein air et il est passionné par les arts. Il passe la majeure partie de son temps à enseigner au premier cycle du secondaire à Edmonton, en Alberta. Lorsqu’il n’est pas en train d’enseigner, il prend soin de sa belle grande collection de plantes; il en a plus d’une centaine! Il aime aussi explorer les nombreux sentiers de la vallée de la rivière d’Edmonton, à vélo ou à pied avec sa femme.

Ce camp, je l’aime, non, je l’adore!
Du plus profond de mon âme, de mon cœur
Situé sur la berge d’un beau grand lac
C’est un endroit où le temps est suspendu
Le Camp Huronda, qui se trouve sur les berges du lac Waseosa près de Huntsville, en Ontario, est un camp pour les jeunes atteints du diabète de type 1. Chaque été, le camp accueille près de 400 enfants âgés de 8 à 15 ans. Les 110 acres du terrain du camp s’étendent sur une belle grande péninsule boisée et offrent aux enfants la chance de passer deux semaines pour apprendre à vivre leur vie en harmonie avec le diabète. Diabète Canada, propriétaire et exploitant du camp, lui a donné le nom Huronda, un mot composé de trois racines : HUR qui vient de Huron (Wendat, une des premières nations du Canada), ON pour Ontario et DA pour diabète. Pendant l’année qui a suivi mon diagnostic, j’ai longuement pensé au camp. Je sentais que c’était trop tôt pour y aller la première année. En tant que jeune garçon, je voulais être prêt mentalement et ne pas sauter d’étapes. J’ai pu compter sur l’aide précieuse de mon équipe d’éducation sur le diabète pour m’enseigner à vivre une vie saine avec le diabète, or je savais que de côtoyer des jeunes de mon âge qui vivent et comprennent vraiment en quoi consiste la vie avec le diabète me ferait le plus grand bien. Il était enfin temps de rencontrer d’autres personnes atteintes du diabète de type 1! Le Camp Huronda m’a permis de faire ces rencontres avec des enfants atteints de diabète et provenant de partout en Ontario.
J’avais toujours la crainte qu’on se moque de moi, de mon diabète ou qu’on me trouve différent à cause de mon pancréas malade. Même s’il n’y a rien que je n’ai pu faire pour prévenir le diabète de type 1, ce n’est pas quelque chose de facile à comprendre pour les autres jeunes de mon âge. Et ce n’est pas facile d’en parler non plus. J’étais le seul enfant à mon école primaire à avoir le diabète, mais je n’allais pas laisser ça m’empêcher de me réaliser. Le camp m’a rapidement donné la chance de passer du temps avec d’autres adolescents qui comprenaient, littéralement, les hauts et les bas d’une vie marquée par le diabète. Le camp a changé ma perception de moi-même. C’est en voyant mes 90 camarades campeurs et ensuite les 400 campeurs de l’été lorsque j’ai joint les rangs du personnel du camp, que j’ai réalisé que rien ne pouvait nous arrêter. Je n’étais pas seul; nous étions plutôt tous unis dans cette réalité. J’ai enfin été en mesure de parler ouvertement de mon diabète sans craindre de me faire juger. Après seulement deux semaines passées au camp, je savais déjà que je voulais, un jour, travailler au Camp Huronda. Année après année, le Camp Huronda est devenu comme un second chez-moi.

Le camp permet aux enfants atteints du diabète de type 1 de se retrouver. Il offre à tous ceux et celles qui ne connaissent personne d’autre qui est atteint du DT1 (je ne connaissais personne, à part mon père, mais ça, ça ne comptait pas!) de se retrouver dans une communauté qui comprend et avec qui nous tissons des relations à vie. Grâce au camp, j’ai rencontré et fondé des amitiés avec des enfants de partout au Canada qui partagent le même vécu que moi. Parce que je comprends ce qu’ils vivent, je peux incarner un mode de vie et des valeurs pour ces campeurs de tout âge, ces enfants et ces adolescents diabétiques. Ce rôle m’a fait grandement apprécier le travail et la sollicitude des moniteurs et membres du personnel du camp qui ont pris soin de me faire sentir à l’aise lorsque j’étais moi-même campeur. De plus, nous travaillons ensemble à prendre notre diabète en main et à ne jamais lui laisser définir ce que nous sommes en mesure d’accomplir. L’éducation sur le diabète passe souvent par l’expérience et la démonstration; les individus apprennent à mieux gérer leur diabète en partageant leur vécu. Les enfants regardent leurs camarades effectuer des tests de glucose et écoutent un médecin leur expliquer pourquoi il prescrit une dose d’insuline bien précise la veille d’une journée d’activités aquatiques. Les enfants qui fréquentent le Camp Huronda repartent avec la confiance et l’autonomie de pouvoir gérer leur diabète et se sentent habilités à continuer de mettre en pratique les habitudes saines apprises au camp. Au Camp Huronda, les enfants apprennent des trucs et astuces pour mieux gérer leur diabète et à assurer leur propre bien-être. Leur vie serait certes moins épanouie s’ils n’apprenaient pas à gérer eux-mêmes leur diabète plutôt que de s’en remettre à leurs parents. Ils apprennent en fait que le diabète fait partie de leur vie quotidienne. C’est souvent au camp que les enfants apprennent comment s’injecter eux-mêmes leur propre dose d’insuline, comment insérer un cathéter dans un site d’insertion, comptabiliser leur consommation de glucides ou reconnaître les symptômes d’un taux de sucre trop élevé ou trop bas. À titre de membres du personnel, nous ressentons toujours une grande fierté au moment de féliciter un enfant qui s’est injecté sa première dose.

Au cours de la dernière décennie, le camp m’a offert cette chance inouïe de partager mes forces et mes talents avec les campeurs et mes collègues en agissant en modèle de positivité, mais aussi d’en apprendre sur moi-même et de m’épanouir. Mon travail auprès de l’Association canadienne du diabète et de ses camps m’offre chaque année de nouveaux défis, donne à mes étés un caractère à la fois unique et engageant. Je souhaite et mets en œuvre tous les efforts requis pour offrir un programme de camp pertinent et significatif pour les campeurs et le personnel. Le camp me permet de développer mes compétences et de nourrir ma croissance sociale et émotionnelle. Hier comme aujourd’hui, le camp permet autant aux membres du personnel qu’aux campeurs de trouver le courage d’essayer de nouvelles expériences, de nouer de nouvelles amitiés et de créer des souvenirs mémorables. Faire partie du personnel me permet d’influencer la vie de chacun des campeurs, d’incarner les valeurs et l’attitude positives prônées au camp, d’établir des rapports de confiance, de m’assurer que chaque enfant se sent valorisé, apprécié, capable et inclus.

Tous les enfants méritent la chance de venir au camp. Laissez à vos enfants la chance de vivre un été de liberté et d’apprentissage! Ils vont en seront reconnaissants.